仝 Il est bon d'abandonner le plus vite possible le superflu, le vain et l'inutile, et de ne pas y rester attaché par la force de l'habitude.
Si je fais une randonnée en montagne, et qu'à mi-chemin je découvre que mon sac à dos est à moitié rempli de provisions et à moitié de cailloux, je me débarrasserai bien sûr avec joie de ces derniers.
De même, dans l'existence, il y a nombre de préoccupations qui ne contribuent en aucune façon à notre bonheur véritable.
Alors, pourquoi ne pas abandonner ces causes de tourments ?
En revanche il ne faut, à aucun prix, abandonner la poursuite de ce qui en vaut vraiment la peine :
La transformation de soi en vue d'accroître le bien-être des autres et de remédier à leurs souffrances.
Quant au sentiment d'être abandonné par autrui, c'est une expérience pénible certes, mais, ô combien, inutile.
Qu'est-ce qui est abandonné ?
Notre être profond ou le sentiment exacerbé de l'importance de soi ?
Comment la nature fondamentale de la pleine conscience, cette présence éveillée libre de constructions mentales, pourrait-elle être abandonnée par quelqu'un d'autre ?
Nous pouvons tout au plus l'oublier nous-mêmes.
Si l'on contemple la nature de la pleine conscience et du moment présent, nous ne sommes pas ce «moi» qui souffre de l'abandon.
Nous ne sommes pas davantage la souffrance que nous ressentons.
La paix intérieure liée à la présence éveillée de la pleine conscience ne peut être affectée par ces fabrications de l'esprit.
— Jeudi 11 mars 2010
—■ Matthieu Ricard —