Sous ses airs de simple croquis, l'Homme de Vitruve cache en fait une géométrie complexe.
— Nidhi Bhat via Unsplash
◆ Un secret caché dans le fameux «Homme de Vitruve» de Léonard de Vinci dévoilé par… un dentiste
≈ Derrière son célèbre dessin des proportions humaines idéales, Léonard de Vinci aurait intégré un triangle équilatéral, longtemps passé inaperçu. Un dentiste britannique pense en avoir percé le mystère, en s'appuyant sur une vieille théorie mandibulaire.
• Tout le monde connaît l'Homme de Vitruve, célèbre dessin réalisé par Léonard de Vinci vers 1490. Ce croquis emblématique montre un homme en deux positions superposées, dont les membres s'inscrivent à la fois dans un cercle et un carré. Le nombril est au centre, la hauteur de l'homme est égale à la largeur de ses bras écartés, les proportions sont constantes… Bref, une étude des proportions idéales du corps humain, explique un article du site IFLScience.
• Pour le réaliser, Léonard de Vinci s'est inspiré des écrits d'un architecte de la Rome antique, Vitruve, qui affirmait que «dans le corps humain, le point central est le nombril. Si l'on place un homme allongé sur le dos, les bras et les jambes étendus, et qu'on positionne la pointe d'un compas sur son nombril, ses doigts et ses orteils toucheront la circonférence du cercle ainsi tracé. Et, tout comme le corps humain permet de dessiner un cercle, on peut aussi en déduire un carré.»
• Lorsqu'on observe le résultat final, il en émane une simplicité évidente. Pourtant, cette précision géométrique, qui paraît naturelle une fois dessinée, a posé bien des problèmes à ceux tentant de la reproduire en suivant la recette originale de Vitruve. Léonard de Vinci n'y serait d'ailleurs parvenu qu'en apportant de légères modifications au texte original. Lesquelles? Personne ne le savait, jusqu'à ce qu'un dentiste britannique se penche sur la question.
• «La recherche de la méthode géométrique de Léonard a généré de nombreuses théories, chacune tentant d'expliquer la relation mesurée entre le cercle et le carré dans le dessin original», indique Rory Mac Sweeney, à l'origine d'une nouvelle théorie, détaillée dans le Journal of Mathematics and the Arts.
Un triangle équilatéral au cœur du corps humain
Pour le médecin, le mystère se cache dans les notes manuscrites de Léonard de Vinci qui accompagnent le dessin.
• En italien, le peintre a inscrit des informations cruciales en utilisant l'écriture miroir (de droite à gauche). «Si vous ouvrez suffisamment vos jambes pour que votre tête soit abaissée d'un quatorzième de votre taille et levez suffisamment vos mains pour que vos doigts étendus touchent la ligne du haut de votre tête, sachez que le centre des membres étendus sera le nombril, et l'espace entre les jambes sera un triangle équilatéral», a-t-il écrit. Pendant tout ce temps, le maître de la Renaissance expliquait comment concevoir cette figure iconique… mais personne ne l'avait remarqué.
• Cette explication a trouvé un écho chez Mac Sweeney, qui l'a aussitôt reliée à ses connaissances en matière de dentition. «En 1864, le dentiste William Bonwill a établi que la fonction mandibulaire optimale chez l'homme repose sur un triangle équilatéral reliant les deux condyles mandibulaires (articulations de la mâchoire) au point médian des incisives centrales inférieures», explique-t-il. Le triangle de Bonwill structure la fonction mandibulaire et inspire encore aujourd'hui la conception des instruments dentaires.
• Bien que difficile à représenter visuellement comme l'Homme de Vitruve, cette configuration mêle anatomie statique et dynamique. Mieux encore : le rapport entre les dimensions de cette structure est d'environ 1,63, très proche du nombre d'or (1,64), ratio très utilisé par Léonard de Vinci pour créer l'équilibre parfait. Mac Sweeney souligne que ce rapport est loin d'être unique dans le corps humain et qu'il existe également dans l'architecture de notre boîte crânienne. La magie de ce ratio est qu'il est exclusif à notre espèce.
• Cette découverte illustre une fois de plus l'obsession de Léonard de Vinci pour le corps humain, au point qu'il ait su en percevoir des relations géométriques cachées, qui suscitent encore aujourd'hui émerveillement et fascination.
—7 juillet 2025
— Source documentaire : Slate France
—■ Lola Buscemi —