L’auteur du Garçon au pyjama rayé et des Fureurs invisibles du cœur a déjà reçu de nombreux prix littéraires à l’étranger (Crédit : JMP).
📙 John Boyne enfin récompensé en France pour Les Éléments
➤ L’écrivain irlandais a remporté le Prix du Roman Fnac, une distinction décernée, non par des critiques ou des écrivains, mais par un jury composé de 400 lecteurs et 400 libraires. Ce bon livre, à la structure très élaborée, devrait voir ses ventes s’envoler. Rencontre avec ce romancier très estimé qui succède à Marie Vingtras, couronnée en 2024, mais aussi à Jean-Baptiste Andrea, Gaël Faye ou Delphine de Vigan.
≈ POUVEZ-VOUS NOUS PRÉSENTER VOTRE ROMAN ?
« C’est un roman qui parle de l’abus sexuel à travers le regard de 4 personnes : une qui a laissé faire, une seconde qui a été complice, une troisième qui agresse et une dernière qui a été victime. Il essaye de montrer comment on vit avec ce drame au fil des années et comment on peut le surmonter.
Il évoque la culpabilité, la rédemption, la reconstruction. C’est le fruit de deux ans de travail, d’écriture et de réécriture. »
≈ QUELLE FORME PREND-IL ?
« C’est mon roman le plus ambitieux dans la forme. Il est composé de 4 récits, “Eau”, “Terre”, “Feu”, “Air”, qui peuvent être lus indépendamment. Ils se répondent, se complètent et, une fois assemblés forment un tout cohérent.
Ces petits romans sont écrits à la 1ère personne du singulier. Un personnage secondaire d’une histoire devient le narrateur de la suivante. Les passages entre les parties sont fluides. Et quand on lit l’ensemble, la boucle se referme. De manière positive. L’espoir est présent. La structure est complexe, kaléidoscopique, expérimentale, mais au vu de l’accueil, elle fonctionne. »
≈ POURQUOI AVOIR ÉCRIT SUR CE SUJET ?
« J’ai été victime d’abus sexuel adolescent, au cours de ma scolarité. C’est quelque chose de courant en Irlande : beaucoup de personnes de ma génération ont été victimes ou connaissent quelqu’un qui a été dans cette situation.
J’ai commencé à rédiger lorsque j’ai entamé avec 12 autres anciens élèves une action en justice contre un professeur qui nous avait agressés.
J’ai mis du temps à mettre des mots sur ce que j’ai vécu. L’écriture a eu un effet cathartique sur moi. J’ai pu faire ressortir des choses enfouies. Je me sens mieux. Je peux désormais avancer dans ma vie, ne plus y penser. Maintenant, je vais me tourner vers un sujet plus léger et le traiter avec humour. Comme à chaque fois que je finis un livre sur un thème sérieux. Mon esprit en a besoin. »
≈ COMMENT AVEZ-VOUS ABORDÉ CE SUJET ?
« J’ai essayé de saisir comment un individu peut commettre ce type d’actes, sans chercher à les justifier ou les excuser. J’ai tenté de comprendre, d’être nuancé, de me mettre à la place. J’ai cherché à être le plus authentique possible dans les scènes et les dialogues. Le fait d’être passé par là m’a sans doute aidé à trouver les mots.
S’exprimer sur ces horreurs permet d’éviter que cela ne se reproduise sans fin. Grâce à la littérature, j’ai pu parler pour ceux qui ne le peuvent pas.
Je suis heureux si, aujourd’hui, je peux être aussi utile pour ceux qui ont été confrontés à ce traumatisme. Certains se sont ouverts à moi et me disent que cette fiction a pu les aider. A prendre conscience, à ne pas avoir honte. »
👉🏻 Les éléments de John Boyne, chez JC Lattès, 512 pages, 23,90 €
— 27 septembre 2025
— Source documentaire : L’Essentiel Nice
■— L’Essentiel Nice —
