27 novembre 2025

≡ La Pierre Du Destin

Trente-quatre fragments de la pierre ont été dispersés dans le monde entier. — PaulT (Gunther Tschuch) via Wikimedia Commons.


La pierre du destin : volé et brisé, le roc sacré des rois d’Écosse est devenu l’objet d’une traque mondiale



En 1950, quatre étudiants écossais dérobent la mythique « Stone of Scone » à l’abbaye de Westminster. Un casse qui a laissé derrière lui 34 fragments éparpillés à travers le monde, que la chercheuse Sally Foster tente aujourd’hui de retrouver.



La pierre du destin, également appelée « Stone of Scone » ou Lia Fàil en gaélique écossaise, est un bloc de grès utilisé lors des rituels de couronnements en Écosse au Moyen Âge. En 1296, le roi Édouard Iᵉʳ d’Angleterre s’en empare lors de la conquête de l’Écosse. Elle est alors conservée à l’abbaye de Westminster et utilisée pour les couronnements anglais et britanniques. Retour de bâton : en 1950, la politicienne écossaise Bertie Gray souffle à un groupe d’étudiants nationalistes écossais l’idée de récupérer la pierre et de la ramener en Écosse.


Menée par Ian Hamilton, la petite bande organise un des cambriolages les plus audacieux de l’histoire et s’empare de la pierre du destin. Un an plus tard, ils décident de cependant la restituer. Ce n’est qu’en 1996 que la pierre est retournée en Écosse, au château d’Édimbourg, même si elle est toujours transportée à Londres à chaque couronnement d’un nouveau monarque. Un problème ? Lors du casse de 1950, l’imposant morceau de grès s’est fendu en deux.


À l’époque, les étudiants recrutent un maçon nommé Edward Manley pour réunir les deux morceaux, puis déposent la pierre sur les marches de l’abbaye écossaise d’Arbroath, afin qu’elle soit récupérée par les autorités. Fin de l’histoire? Pas vraiment. Pendant les réparations, 34 petits fragments de la pierre se sont détachés. Récupérés par Bertie Gray, ils sont numérotés et distribués à des amis de confiance, des politiciens et des journalistes. Comme l’explique le média IFL Science, la professeure Sally Foster a décidé de retracer l’histoire de ces fragments éparpillés aux quatre pièces du monde.



 « Ce n’est pas n’importe quelle pierre »



Pour l’enquêtrice, auteur d’une étude sur la question, « ce n’est pas n’importe quelle pierre. Lorsque les nationalistes écossais ont retiré la chaise de couronnement et l’ont emmenée de l’abbaye de Westminster le matin de Noël 1950, cela a provoqué la fermeture de la frontière entre l’Angleterre et l’ Écosse pour la première fois en 400 ans. Depuis le XIVe siècle, presque tous les monarques anglais, puis Britanniques, s’asseyaient sur la pierre lors de leur couronnement, dans un geste symbolisant la soumission des Écossais », explique-t-elle.


Pour retracer le parcours de ces morceaux, Sally Foster a mené de vastes recherches dans les archives, réunissant des conservateurs, des collectionneurs et des experts institutionnels. Elle a également retrouvé des proches de Bertie Gray et de son cercle d’amis, parvenant ainsi à localiser plusieurs fragments. Elle a par exemple découvert qu’une partie avait été offerte à l’étudiant nationaliste à l’origine du vol, Ian Hamilton, qui l’a ensuite placé dans une broche en argent offerte à sa femme Sheila pour son anniversaire.


Bertie Gray en a par ailleurs donné un autre morceau à une touriste nommée Catherine Milne, dans le cadre de sa mission visant à envoyer la pierre du destin sur tous les continents . Après la mort de Milne en 1967, ses proches ont fait don du fragment au Queensland Museum de Brisbane.


Encore plus surprenant, l’ancien Premier ministre écossais Alex Salmond a, lui aussi, retenu d’un petit bout de la pierre, tandis qu’un autre a été intégré dans le carrosse à chevaux que le roi actuel, Charles III, a utilisé lors de son couronnement à l’abbaye de Westminster en 2023. La pièce a été insérée dans un panneau en bois sous le siège sur lequel le roi Charles et la reine Camilla étaient assistés pendant le voyage.


Malgré ses efforts, le parcours de tous les fragments n’a pas encore pu être entièrement reconstitué, comme le rapporte Sally Foster. Celle-ci poursuit ses recherches pour tous les localiser. Quant au vol de 1950, ni Ian Hamilton ni ses complices n’ont jamais été poursuivis.



— 13 novembre 2025

— Source documentaire : Slate France



— Théa Doulcet —