27 octobre 2025

≡ Léon XIV Embarque Sur Un Trois-Mâts Français

Léon XIV, et à sa droite, le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille,s’entretiennent avec des membres de l’équipage Remo Casilli/REUTERS



Léon XIV embarque sur le trois-mâts français « Bel espoir » de l’odyssée Méditerranéenne pour la paix



RÉCIT — Le pape a suivi de près le périple de huit mois mené en Méditerranée par des équipages successifs de jeunes de toutes religions et nationalités, au point de venir les saluer vendredi après-midi, au port d’Ostie près de Rome, le temps d’une rencontre.



Image singulière que de voir le pape Léon XIV venir à pied sur une jetée du port d’Ostie, près de Rome, vendredi en fin d’après midi, pour saluer l’équipage du trois-mâts, « Med 25 Bel Espoir », en escale, après une odyssée de huit mois en Méditerranée où il a été accueilli par le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille à l’origine de cette initiative.


Si le pape américain a pris le temps de venir rencontrer les jeunes matelots issus de multiples nationalités et religions, c’est parce qu’il entend, dans le sillage de son prédécesseur François, créer tous les liens possibles entre les pays riverains de cette mer, à travers des projets innovants, comme cette croisière de la paix qu’ils ont encouragée. L’idée avait germé lors de la visite - à dimension méditerranéenne - de François à Marseille, les 22 et 23 septembre 2023.


30 PORTS VISITÉS


Pas moins de 200 jeunes se sont donc relayés par groupe de 25 sur le bateau, pour sillonner 30 ports de la grande bleue en donnant l’exemple du dialogue plutôt que de la confrontation. Seule l’escale prévue à Jounié au Liban a dû être annulée par mesure de sécurité en juin dernier, en raison de la guerre entre Israël et Iran. Samedi 25 octobre, un accueil spectaculaire de cette croisière hors norme est prévu dans la rade de Marseille, suivi par un festival au Mucem. Le « Bel Espoir » fera une escale en Corse d’ici là.


« Le monde d’aujourd’hui a besoin de plus que des mots. Il a besoin de signes ; de témoignages qui donnent de l’espérance. Et le nom même de ce bateau, ainsi que la présence de vous tous ici aujourd’hui, en sont la preuve » a lancé le pape au jeune équipage encore ébahi de voir l’américain en soutane blanche se tenir à l’accastillage du vieux gréement d’un magnifique voilier en bois.


Léon XIV, détendu et visiblement très heureux de cet intermède maritime, a souligné « combien il est important d’apprendre à se parler, à s’asseoir, à apprendre, à écouter, à exprimer ses propres idées et ses propres valeurs, et à se respecter mutuellement afin que les autres se sentent vraiment écoutés ».


ÉCOLE DE PAIX


Il a ensuite évoqué l’importance de jeter des ponts entre les cultures : « pas nécessairement, un pont au-dessus de la Méditerranée, mais un pont entre nous tous, peuples de nombreuses nations différentes ». Car « il est merveilleux d’apprendre à connaître des gens, en voyageant littéralement autour de la Méditerranée ». Attentifs, des jeunes originaires d’Albanie, des Balkans, d’Égypte, de Palestine, d’Espagne, de Malte, de France d’Italie l’écoutaient.


D’où cette incise improvisée du pape qui parlait depuis la proue avant de visiter le navire de fond en comble : « Je suis sûr que toutes ces personnes vivant sur un bateau aussi petit… Je ne suis pas encore descendu… apprennent à vivre ensemble, à se respecter les uns les autres et à surmonter les difficultés. C’est aussi une expérience formidable pour vous tous, en tant que jeunes, mais c’est aussi quelque chose que vous pouvez nous enseigner à tous ». Car l’enjeu fondamental, a-t-il conclu, est celui d’être des « bâtisseurs de paix, des promoteurs de paix dans un monde qui tend de plus en plus vers la violence, la haine, la séparation, la distance et la polarisation ».


Dans le carré de la salle à manger, Léon XIV a partagé un goûter avec des pâtisseries. Il a écouté le témoignage de Lama, une Palestinienne de Ramallah et de Hanan, un Bosnien musulman. Muhamad, venu de Libye, a également raconté son itinéraire de migrant. Avant de recevoir la bénédiction apostolique, une prière commune a été récitée.


LA FRANCE ATTENDUE


Dans son mot d’accueil, le cardinal Aveline qui est à l’origine de ce projet, a évoqué l’étape manquée du Liban, « sur la mer, il y avait plus de porte-avions que de voiliers » et la rencontre avec le patriarche Bartholomée Ier à Istanbul, en Turquie. « Si tu veux la paix, prépare des institutions de paix », a recommandé le prélat français qui a pensé ce bateau comme une école pour former les nouvelles générations à l’œuvre de la paix.


L’homme clé de cette initiative, le Père Alexis Leproux, vicaire épiscopal du diocèse de Marseille pour les relations méditerranéennes, et coordinateur des Rencontres Méditerranéennes, a géré dans le détail cette odyssée. Une carte postale a été par exemple envoyée au pape à chaque escale. Il est certain, assure-t-il, que cette croisière sera suivie d’autres initiatives pour favoriser les croisements entre les « cinq rives » de la Méditerranée, l’Afrique du Nord, le Proche-Orient, la Mer Noire et la Mer Égée, les Balkans, et l’Europe.


Ce prélat confie également au Figaro avoir été impressionné par « la grande soif que la France travaille au service de la paix » perçue au fil des rencontres. D’où sa conclusion : « Ne nous résignons pas à laisser la Méditerranée être un champ de bataille ou un cimetière. La Méditerranée est aussi l’héritière d’une mémoire heureuse. Au cours de cette odyssée, la culture de la rencontre, à hauteur de visage, a été pratiquée pour nous garder du double danger meurtrier de l’indifférence et du radicalisme ».



— Source documentaire : Le Figaro 

— Lundi 20 octobre 2025



— Jean-Marie Guénois —