20 juillet 2024

Espagne, Llança 2014…

Llançà, Calle Ribagorça


Les années défilent inexorablement, et l’ultime refuge contre la grande lassitude et l’anxieuse mélancolie, se trouve dans les beaux jours d’une jeunesse insouciante, qui conserve précieusement en mémoire, des souvenirs bien vivants, toujours aussi merveilleux.



Oran ma ville… Par les matins ensoleillés, nous bavardions en déambulant le cœur léger et joyeux, dans les rues. Nous allions souvent au marché «Michelet» proche de ma maison, ou à celui plus éloigné de la «Rue De La Bastille», tout pré de l’église du «Saint-Esprit» et de la «Grande Poste».


Une fois parvenus à destination, les odeurs fortes et disparates volaient vers nous…


Les vapeurs d’un café torréfié par les marchands, et les senteurs variées d'épices dominaient. Tout au long de la rue, sur les étals, les fruits et légumes savamment disposés en pyramides colorées, jaune, vert, ou rouge, s’offraient aux regards…


Oui, c’était encore le temps heureux, où bonhomie, et gentillesse prenaient le pas sur l’indifférence, en s’exprimant ici et là dans les rues de la ville. 


Nous prenions grand plaisir dans ces promenades quotidiennes, où, copains et amis rencontrés par hasard, venaient à nous, pour échanger opinions et idées sur les derniers sujets du moment. 


Je me rappelle la gentillesse des gens qui se côtoyaient dans les rues d’Oran. Toutes confessions confondues, femmes et hommes, chacun vaquait à ses occupations, habillé par ses croyances et traditions, dans un mélange hétéroclite de jupes, pantalons, Sahariennes, gandouras, saroual, djellaba, et de voiles. 


Nous ignorions en ces temps-là, ce que pouvait être les problèmes de la cohabitation, car chacun vivait pleinement dans ses traditions, sans se préoccuper de celles des autres, l’harmonie régnait encore. 


Aux terrasses des cafés, les hommes refaisaient le monde, où, commentaient les résultats des derniers matchs de football, chacun vantant les exploits de son club préféré, FCO, CDJ, MCO, le ton de la voix était toujours à la hauteur des passions de chacun.


Dans cette Algérie encore française, et en cette bonne ville d’Oran, parents, famille, et amis, nous avions ensembles, bâtis et fondés nous le croyons tout au moins, un devenir, qui nous l’ignorions encore, deviendrait aussi sombre.




Aron O’Raney —

Lundi, 9 Juin 2014