Je songe à toutes ces personnes proches et moins proches, aux copains et amis, à mes maîtres et professeurs, à ceux avec qui j’ai partagé des instants, à ces passants d’un jour qui ont traversé et parfois marqué ma vie.
■ Les souvenirs de mon pays m’apaisent un peu ici, là où je demeure aujourd’hui.
Fidèle à ma nature, j’attends. J’attends depuis longtemps. Je peux même ajouter, depuis mon arrivée en terre inconnue, cela fait plus de soixante années, que j’espère l’inaccessible.
Durant une grande partie de l’existence, j’ai marché aveuglément, en trébuchant sur les chemins, et de chutes en rechutes, j’ai toujours perdu la main. Il est vrai c’est certain, que la réussite ne m’a jamais accompagné, ni davantage sourit, depuis ma venue en Terre d’ici.
Je me réveille la nuit, et demi conscient, dans le noir silence, il me semble entendre le bruissement des vagues, et la respiration des eaux, qui me fait naviguer sans gouverne jusqu’à la rive, du pays perdu.
Éveillé tout à fait, je reconnais maintenant le cri du vent qui souffle dans le feuillage des palmiers, et la rumeur hésitante et confuse d’une ville qui voudrait renaitre dans sa vie d’avant.
■ Le désespoir m’épargne encore, point de patrie pour moi.
Je sais que la mer me précède et me suit. Les yeux secs, je souffre, sans doute, de l’exil. Fidèle à ma nature, j’attends.
J’attends depuis longtemps.
J’attends encore.
Le jour vient, enfin…
■ Jean Rumoncey —