17 janvier 2025

≡ En Inde, Un Agriculteur Prêt À Mourir

En Inde, un agriculteur de 68 ans est prêt à mourir de faim pour faire avancer le combat des siens.

Les dirigeants d'une association nationale d'agriculteurs, Jagjit Singh Dallewal (au centre) et Swaran Singh Pandher (devant à droite), donnent une conférence de presse dans un hôtel de Rajpura, le 14 février 2024. - Narinder Nanu / AFP



Parmi les revendications qui motivent la grève de la faim qu'il mène depuis quarante-cinq jours, la hausse des salaires des exploitants et la garantie de prix minimum pour les récoltes.



Jagjit Singh Dallewal est prêt à mourir pour la cause. Ce jeudi 9 janvier, l'homme de 68 ans est entré dans son 45 jour de grève de la faim. En rejetant les appels du gouvernement de Narendra Modi qui le sommait de mettre fin à sa manifestation, il devient progressivement le symbole du mouvement contestataire des agriculteurs en Inde.


Ces derniers jours, l'état de santé de cet homme par ailleurs atteint d'un cancer de la prostate s'est détérioré. Ce samedi 4 janvier, il a perdu connaissance lors d'une allocution qu'il tenait devant d'autres agriculteurs au cours d'une manifestation. Des médecins lui ont, depuis, conseillé d'intégrer une unité de soins intensifs. Ce qu'il n'a pas fait. Au contraire, loin de montrer sa volonté de s'en sortir vivant, le militant a d'ores et déjà légué sa propriété à sa famille.


Abhimanyu Kohar, un jeune agriculteur qui se tient à ses côtés, raconte: «Son état est extrêmement critique et grave. Les médecins ont demandé son transfert à l'hôpital, mais il a refusé l'aide médicale en disant que les réformes agricoles sont plus importantes que son corps et sa vie.»


Ces réformes, Jagjit Singh Dallewal, qui est aussi l'un des leaders d'une coalition de plus de quarante syndicats d'agriculteurs (Sanyukt Kisan Morcha), les a réclamées à plusieurs reprises auprès du Premier ministre indien Narendra Modi. Parmi elles, l'abandon des créances des prêts contractés par les agriculteurs, des compensations pour les familles de paysans qui se sont suicidés et une loi garantissant un prix minimum d'achat aux différentes provisions récoltées.



Des années de lutte contre la précarité agricole 



Dans un mouvement qui ressemble à celui qui avait bloqué New Delhi pendant un an en 2021, les agriculteurs indiens ont manifesté à nouveau en février 2024. Ils étaient alors des dizaines de milliers à avancer vers la capitale pour rejeter une première offre budgétaire du gouvernement qui leur était faite, jugée «​​pas dans l'intérêt des agriculteurs». Ils réclamaient par ailleurs le doublement de leur salaire qui leur avait été promis en 2016.


D'après les dirigeants agricoles, le gouvernement n'a jamais tenu parole. Les syndicats ont alors enclenché un nouveau mouvement social qui subsiste depuis fin 2024.


Cette situation fait quelque peu écho à celle que l'on observe actuellement en France. 


Certaines revendications sont similaires, les syndicats agricoles français réclamant une meilleure rémunération et le mode opératoire, le même –des actions conjointes qui se renouvellent fréquemment, lors desquelles les agriculteurs convergent en direction de Paris, menaçant d'un blocage de la capitale.



— 9 janvier 2025 




■— Robin Couturier —