仝 La mort n’existe pas en tant qu’état soudain et instantané On n’est pas vivant à un instant, mort à l’autre.
On a plutôt affaire à un « processus du mourir », complexe, jalonné d’étapes qui font que l’on est de plus en plus mort. Ce qui nous renvoie à la définition de Marie François Xavier Bichat, célèbre médecin biologiste et physiologiste : « La vie, c’est l’ensemble des fonctions qui résistent à la mort. »
Il est donc acquis que les cellules du corps humain vivent (plus ou moins) longtemps ensemble avant de mourir séparément.
Cette entrée progressive dans la mort, découverte de la science moderne, était déjà un processus bien connu de la tradition tibétaine, qui l’a consigné avec force détails dans le Bardo-Thödol, connu en français sous le nom de Livre tibétain des morts ; processus qui commence avant la mort elle-même, suivi de plusieurs « dissolutions » successives.
Réparties essentiellement en deux phases, comme l’explique Sogyal Rinpoché, qui a contribué à concilier l’ancienne sagesse tibétaine et la recherche contemporaine sur la mort :
« Une dissolution externe des sens et des éléments (terre, eau, feu, air), et une dissolution interne des états de pensée et des émotions, à leurs niveaux grossier et subtil . »
Il s’agit d’un processus complexe, où corps et esprit sont interdépendants.
En conséquence, chaque étape de la dissolution a des répercussions physiques et psychologiques sur la personne mourante et se manifeste tant par des signes extérieurs et physiques que par des expériences intérieures (ce qui nous renvoie aux phénomènes de conscience accrue à l’approche de la mort).
Si, en Occident, on considère communément que le processus s’arrête lorsque la personne est déclarée morte, il en est autrement dans les enseignements tibétains.
« Dans le Livre tibétain des morts, il y a d’autres phénomènes intrapsychiques qui continuent et qui marquent la fin de vie, notamment la réunion au niveau du cœur des essences subtiles, masculines et féminines. Selon les Tibétains, c’est à ce stade que survient le début des expériences de mort imminente, au moment où la conscience commence à se désengager du corps », explique le psychiatre Christophe Fauré, familier de ces enseignements.
Un moment de « plein accomplissement », qui culmine quand l’aube de la Luminosité fondamentale, véritable nature de l’esprit, se lève, « tel un ciel immaculé, dégagé de tout nuage, brouillard ou brume » Il s’agit de l’esprit subtil le plus profond, considéré comme source véritable de toute conscience.
Ceux et celles qui ont vécu une expérience de mort imminente (EMI) ont parcouru les premières étapes de ce processus, aux confins de la mort, mais jamais les dernières, irréversibles… sinon, ils ne seraient plus là pour témoigner !
« Aujourd’hui, en réanimation, on dit de quelqu’un qu’il est mort, lorsqu’il y a un arrêt du fonctionnement cérébral (mort clinique) ; c’est-à-dire lorsque son électroencéphalogramme (EEG) est plat. Mais cette définition de la mort n’est pas irréversible ; on peut réanimer des gens, même avec un EEG plat.
Actuellement, on peut dire que toutes les personnes qui ont connu un arrêt cardiaque, et que l’on a réussi à réanimer, sont bien revenues de la mort, de la mort clinique. En effet, on a pu mesurer que, dans les quinze secondes qui suivaient l’arrêt cardiaque, le cerveau s’arrêtait de fonctionner.
Or, dans des conditions optimales de surveillance (en soins intensifs, en service de réanimation), il y a une période incompressible d’environ deux minutes pour porter les premiers secours à une victime d’un arrêt cardiaque.
Donc la période de quinze secondes est largement dépassée… et que dire de toutes les personnes isolées à la campagne dont le cœur est reparti au bout de plusieurs dizaines de minutes après l’intervention du SAMU le plus proche ! »
—Extrait de : Quand La Mort Arrive
—■ Stéphane Allix, Carine Anselme —