L’étude de soi révélera à un chercheur sérieux que, parmi les différentes manifestations de sa nature inférieure, ce sont les pensées répétitives et, selon son type et son tempérament, les sortes de bavardages intérieurs les accompagnant la plupart du temps qui constituent l’obstacle majeur sur sa route vers son Moi Princier, l’empêchant par là même de découvrir en lui une autre forme d’existence libre du temps et de l’espace.
Si l’aspirant est réellement sincère dans son désir de connaître les obstacles qui font écran en lui à la lumière de son Identité Céleste, il lui faut trouver une attitude particulière lui permettant d’accepter de voir ce curieux bavardage intérieur qui se déroule en lui la majeure partie de sa journée, même lorsqu’il se croit pleinement occupé par ses activités quotidiennes.
Le problème pour l’homme de parvenir à se détacher de ce bavardage intérieur réside dans le double fait que, d’une part, il y est généralement tellement identifié qu’il s’avère difficile pour lui de pouvoir le constater de manière tangible, et que, d’autre part, il existe en sa psyché un étrange phénomène, celui de se sentir perdu sans ces préoccupations intérieures.
Il réagit comme si sa vie allait être vide sans cette incessante activité en lui.
Étant donné qu’il vit dans l’ignorance de l’autre aspect de sa double nature, il est irrésistiblement poussé à se perdre dans des activités fébriles, intérieurement et extérieurement, dont il dépend pour lui procurer le sentiment et l’assurance de son existence.
Il redoute de lâcher quoi que ce soit en lui, par crainte de ne plus pouvoir se reconnaître.
De plus, si on dit à quelqu’un de lâcher ce qu’il est en train de ruminer intérieurement, peut-être répondra-t-il : « je ne peux pas. » Ne devrait-il pas plutôt dire : « je ne veux pas le faire » ?
Un tel « lâcher-prise » crée inévitablement en l’homme un vide qui est le moyen lui permettant de commencer à vivre hors du temps.
Mais, s’il lui arrive de se trouver subitement confronté au sentiment que procure le fait de « vivre hors du temps, » une sensation qui efface provisoirement son état habituel d’être et sa façon ordinaire de se connaître, il se sent perdu, voire effrayé.
Tant qu’un homme ne connaît pas encore en lui de « centre de gravité » vers lequel se tourner pour donner un sens à sa vie et pour pouvoir stopper les manifestations désordonnées de son mental, il restera inévitablement faible.
Et, comme il ne pourra arriver à être, pour ainsi dire, « ramassé » en lui-même, ses énergies seront, malgré lui, éparpillées dans toutes les directions.
— Extrait de « Les obstacles à l’Illumination et à la Libération »
— Éditions Guy Trédaniel —
—■ Salim Michaël —