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🧘—La Méditation : une pratique pas toujours aussi inoffensive qu’on le croit. ➤ Derrière le bouddhisme revisité à la sauce occidentale, il y a aussi un marché qui tait ses victimes.
• Née à la fin des années 1970 dans le sillage du programme «MBSR» (Mindfulness-Based Stress Reduction) conçu par Jon Kabat-Zinn, la méditation de pleine conscience a gagné en popularité dans les années 2000 avant d’exploser sur le marché du bien-être dans les années 2010.
— Une pratique vieille de 2.500 ans, issue de la religion bouddhiste, érigée depuis en Occident comme un rempart contre de nombreux maux modernes : stress, épuisement professionnel, anxiété, etc.
• Aujourd’hui, le web regorge de milliers de vidéos, de gourous Instagram ou d’entreprises vendant formations ou retraites spirituelles au prix fort. Le Google Play Store et l’App Store sont saturés d’applications de méditation et certaines grandes entreprises n’hésitent même plus à proposer des ateliers de méditation de pleine conscience à leurs employés.
— La méditation est devenue un produit à elle-seule, généralisée à outrance, qui lui donne l’air d’une pratique universellement bénéfique et accessible à chacun.
— En dépit de son image positive et à l’épreuve des faits scientifiques, elle ne protège pas de tout et peut même exposer ses pratiquants à de sérieux troubles.
Quand la quête du calme vire au chaos
• Si l’on se penche sur les anciens récits, on peut déjà affirmer que celles et ceux qui pensent que les effets secondaires négatifs de la méditation seraient une lubie moderne se trompent lourdement. Dans le Dharmatrāta Meditation Scripture, rédigé il y a plus de 1.500 ans, les moines bouddhistes déclaraient déjà, pour certains, des épisodes d’anxiété, de dépression et de dissociation, survenus après des sessions de méditation.
• Des faits confirmés bien plus tard, en 2022, par cette étude américaine publiée dans « Psychotherapy Research ». Menée aux États-Unis auprès de 953 pratiquants réguliers, celle-ci a révélé que 10 % d’entre eux avaient gardé des séquelles psychiques suffisamment importantes pour nuire à leur vie quotidienne, pendant au moins un mois.
• Parmi les symptômes décrits : anxiété, dépression, épisodes psychotiques et états de dépersonnalisation (perte de sens de soi-même et confusion). Des effets secondaires graves, qui, de plus, ne concernaient pas nécessairement des personnes déjà fragiles psychologiquement.
• Cette méta-analyse de 2020 publiée dans Acta Psychiatrica Scandinavia, couvrant plus de 40 ans de recherches diverses, l’a confirmé. Les symptômes décrits peuvent tout à fait survenir chez des individus sans antécédents psychiatriques, même avec une pratique « modérée ».
• Le psychologue clinicien sud-africain Arnold Lazarus avait déjà alerté, en 1976, sur ces dangers : pratiquée sans discernement, la méditation pouvait, disait-il, « provoquer de sérieux troubles psychiatriques, tels que dépression, agitation et même décompensation schizophrénique ».
• Alors pourquoi une telle tolérance de la part de la médecine occidentale à l’égard de cette pratique ? Si un médicament provoquait de tels effets secondaires, il serait immédiatement réévalué par les autorités sanitaires. La méditation, elle, continue de bénéficier d’une aura d’innocuité, comme si son ancienneté garantissait sa sécurité.
• N’oublions pas non plus qu’il s’agit avant tout d’une pratique spirituelle bouddhiste, déracinée de son contexte religieux, et transformée en produit « bien-être » prêt-à-consommer en Occident.
Respirez… et sortez la carte bancaire
• Bien évidemment, ces risques ne sont jamais mis en avant par les promoteurs de la méditation. Il existe un ouvrage fort intéressant à ce sujet, « McMindfulness », publié en 2023 par Ronald Purser. Docteur en philosophie et professeur à l’Université de Chicago, il y dénonçait la lente transformation de la méditation de pleine conscience en « spiritualité capitaliste », une ascèse religieuse devenue une opportunité de croissance pour start-up et multinationales. Une industrie qui pèse aujourd’hui deux milliards de dollars aux États-Unis.
• Les apôtres de ce mouvement préfèrent mettre en avant ses vertus supposées, tout en passant soigneusement sous silence les données gênantes. — Kabat-Zinn, figure tutélaire de la pleine conscience lui-même (pour ne pas dire gourou), admettait en 2017 que « 90 % des recherches menées sur ses effets positifs sont de faible qualité ». Ce qui ne l’empêchait pas, deux ans auparavant, de se présenter devant un comité parlementaire britannique comme une espèce de prophète de la transformation.
• La méditation, affirmait-il, pouvait remodeler « ce que nous sommes en tant qu’individus, communautés, nations et même en tant qu’espèce ». Pour un professeur émérite de médecine, avouons que continuer de vendre du vent avec autant d’assurance est tout de même un sacré tour de force.
• Cet emballement quasi mystique s’est fracassé, en 2022, contre les données de la plus grande étude jamais financée dans ce domaine, publiée dans « BMJ Mental Health ». Testée sur 8.000 adolescents britanniques, la méditation de pleine conscience n’a montré aucune efficacité par rapport à un simple groupe témoin. — Chez les plus fragiles, les chercheurs ont même noté une dégradation de leur état psychique.
• Il y a donc, d’un côté, une pleine reconnaissance des failles méthodologiques de cette pratique par ses chantres et, de l’autre, un discours quasi messianique destiné à convaincre le monde entier de ses bienfaits. — Une rhétorique maximaliste et contradictoire qui est l’un des moteurs d’expansion de ce mouvement, vendu au prix fort comme la solution miracle à nos détresses contemporaines. — La méditation n’aura pas finalement pas échappé à cette règle, relevant de la sociologie et de la philosophie morale : les plus belles intentions peuvent nourrir les plus grands aveuglements.
— 18 septembre 2025
— Source documentaire : presse-citron.net
■— Camille Coirault —
