Albert Camus (1913-1960)
Albert Camus Était-Il Philosophe ?
Des Réponses avec le philosophe Jean-François Mattéi, Le directeur de l’ouvrage Camus et la pensée de midi est l’invité de Damien Le Guay.
À cette question les philosophes dominants, dans les années 1950, répondaient par la négative.
Aujourd’hui Camus intéresse les philosophes sans doute justement parce qu’il refusait les systèmes, les séparations tranchées, les concepts froids.
Le philosophe Jean-François Mattei évoque les liens entre Camus et l’Algérie dans son ouvrage Camus et la pensée de midi
Albert Camus est mort le 4 janvier 1960.
De son vivant, il fut rejeté par les philosophes dominants, ceux qui soutenaient la marche du Progrès, fut-elle sanglante, et les avancées du communisme.
La plupart le considéraient comme trop tiède dans ses engagements ou manquant de consistance.
Tiédeur. Il faut dire que dans les années 1950 il dénonçait
« les bouchers de la vérité », et le « socialisme des potences »
sans oublier « ces rites sanglants et monotones de la religion totalitaire. »
Il n’était donc pas inconditionnellement et sans réfléchir du coté du Progrès, de l’Histoire en marche et des opprimés en libération.
Manque de consistance.
Longtemps Camus fut considéré, avec dédain, comme « un philosophe pour classe terminale ».
Trop littéraire pour être philosophe, trop simple pour être profond.
Depuis, avec le temps et la fin des illusions communistes, les philosophes se sont intéressés à l’œuvre de Camus.
Cette manière d’aborder le monde en douceur, de considérer les problèmes avec complexité, de sortir des dichotomies meurtrières était adapté, pour certains, au monde tel qu’il est.
Jean-François Mattéi est philosophe, membre de l’Institut universitaire de France, professeur honoraire à l’université de Nice-Sophia-Antipolis.
Jean-François Mattei a dirigé un livre sur Camus : Albert Camus et la pensée de midi (Editions Ovadia, 2008).
Des universitaires, tous nés en Algérie, tous sensibles au monde de la Méditerranée tels, Gérard Crespo, Jean-Pierre Ivaldi, Louis Martinez, Frederic Musso… abordent cette question des liens entre l’Algérie et Camus.
« Je n’ai jamais rien écrit qui ne se rattache, de près ou de loin, à la terre où je suis né. C’est à elle, et à son malheur, que vont toutes mes pensées » disait Camus.
Il ajoutait que le monde méditérranéen reste « mon premier et dernier amour ».
Dans cet entretien, Jean-François Mattei nous éclaire sur cette origine algérienne de Camus, sur son sens de la responsabilité pour le monde.
Camus restera un philosophe des limites :
« Je ne crois pas assez à la raison pour croire à un système » disait-il.
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■ Damien Le Guay —