27 décembre 2024

≡ Narcisse Pelletier, Le Sauvage Blanc


Jeune mousse vendéen, Narcisse Pelletier quitte sa région natale, en 1856, pour s’engager dans des voyages au long cours alors qu’il n’a que 12 ans.


Il embarque à Marseille sur un trois-mâts, le Saint-Paul, qui s’échoue des mois plus tard près de l’île Rossel, en Nouvelle-Guinée.


Rescapé, mais séparé de ses compagnons, le garçon abandonné, est trouvé prêt à mourir par une famille aborigène, il est alors recueilli et adopté par un clan.


Dix-sept ans durant, il vit parmi ce groupe de pêcheurs, les Wanthaala, partageant une vie d’Aborigène.


Comme tous les hommes adultes, il a été « initié » dans la confrérie des membres de son clan. En témoignent les scarifications qu’il portait au torse et ses piercings au nez et à l’oreille droite.


En 1875, âgé de 31 ans, il est récupéré, contre son gré, sur le littoral par un navire anglais.


Celui que la presse australienne surnomme alors « le sauvage blanc » revient en 1876 à Saint-Gilles-sur-Vie, ovationné, Narcisse devient célèbre. Il retrouve sa famille et fait face aux difficultés du retour à la vie vendéenne, apprivoisant un monde qui n’est plus vraiment le sien.


A Nantes, Constant Merland, docteur et savant local, recueille son récit et publie son témoignage exceptionnel, car Narcisse a vécu dans une tribu inconnue, des colons et des ethnologues. 


« Narcisse Pelletier : dix-sept ans chez les sauvages » (1).


Son témoignage confirme l’existence de nombreux conflits entre groupes aborigènes. Narcisse a lui-même participé à douze batailles, dont les causes ont pour origine les femmes.


En effet il arrive souvent qu’un homme enlève une femme d’un autre clan avec l’aide de ses proches. L’époux bafoué rassemble alors les hommes de son propre clan, et forme une troupe de 50 à 80 combattants, qui partent délivrer la femme enlevée.


La bataille se déroule ainsi.


Dans un premier temps, les groupes s’approchent et s’invectivent. Puis les lances entrent en action. Il n’y a pas véritablement de corps à corps, et, quand le groupe en difficulté s’enfuit, les blessés abandonnés sont achevés.


Contrairement à l’image romantique, longtemps entretenue par les études ethnologiques, les Aborigènes d’Australie n’étaient pas de paisibles chasseurs-cueilleurs. La violence qui existait chez eux avait simplement été ignorée ou édulcorée.


Christophe Darmangeat a entrepris un travail de recueil systématique de toutes les données sur les conflits guerriers entre Aborigènes avant la colonisation. Il en a tiré un livre : « Justice et guerre en Australie aborigène ». 


Un bilan sans équivoque

La guerre était bien présente chez les Aborigènes. Elle n’était ni exceptionnelle ni réduite à des escarmouches ritualisées : elle faisait partie intégrante de la vie des tribus.


Pour combattre, les Aborigènes utilisaient leurs lances ou boomerangs de chasse, ils fabriquaient aussi des armes de guerre : boucliers, massues, lances dentelées.


Les raisons de leurs conflits relevaient principalement du droit de propriété sur les femmes : le rapt d’une jeune fille (avec ou non-consentement), la promesse non tenue par les parents de donner leur fille à un homme (et finalement livrée à un autre), l’adultère, etc. 


Les querelles autour des femmes concernaient deux conflits sur trois. 


L’autre motif relevait des accusations de sorcellerie : si un homme mourrait de façon suspecte, on supposait qu’un sort lui avait été jeté. Ce qui appelait vengeance.


(1)  Réédité sous le titre « Narcisse Pelletier : Naufragé Aborigène » Au vent des Iles, 2021,



— Jeudi 19 décembre 2024




l’humanologue fr —