03 mars 2025

≡ À Ta Découverte


Que ne t'atteigne pas l'air, l'aurore, la nuit,  

Mais seulement la terre, 

Et la vertu des grappes, 


Et la pomme qui pousse

En entendant l'eau pure,  

La résine et la boue de ta terre odorante. 



Depuis Quinchamali, 

Où tes yeux furent faits  

Jusqu'à tes pieds 

Créés pour moi sur la frontière 


Tu es la glaise obscure

Et que je reconnais :  

Tout le blé, je le touche

Á nouveau sur tes hanches. 



Et peut-être l'ignorais-tu, mon araucane 

Lorsque avant de t'aimer 

J’oubliai tes baisers 


Qu'il me restait au cœur 

Mémoire de ta bouche 



Et j'allai par les rues 

Pareil à un blessé 


Pour comprendre à la fin

Que j'avais découvert    

Mon territoire,


Amour, de baisers, de volcans. 




— Extrait de « La Centaine d’Amour »

— Cent « sonnets de bois » écrits  

— À son grand amour, sa dernière femme Matilde Urrutia.




 Pablo Neruda —