📜Trois Siècles De Spéculations Viennent D’être Balayés De Nouveaux Travaux Archéologiques : L’île De Pâques Livre Enfin Ses Secrets.
✦ Isolée à 3.700 km de toute terre habitée, elle devint mythe dès l’arrivée des navigateurs néerlandais en 1722. Roggeveen y découvrit près de 1.000 Moaïs colossaux, certains de 70 tonnes, alimentant aussitôt les fantasmes de civilisation disparue, d’extraterrestres ou de cataclysme.
• Comment ces statues furent-elles érigées entre les XIIIe et XVe siècles alors que les Occidentaux pensaient impossible qu’une petite société insulaire dispose de la technologie requise ? Ce biais alimenta les théories les plus extravagantes. Les nouvelles recherches, mêlant photogrammétrie et modélisation 3D, réhabilitent au contraire l’ingéniosité des Rapanui.
Les Moaïs sont des représentations des ancêtres divinisés, censés protéger les clans et apporter la fertilité aux Terres. © Oliver Klamt/Unsplash
Reno Raraku : le volcan-carrière qui a donné naissance aux Moaïs
• Plus de 95 % des statues furent sculptées dans le volcan Rano Raraku. Les premières théories, marquées par l’ethnocentrisme européen, imaginaient que les Rapanui avaient hérité ces œuvres d’un peuple supérieur disparu.
• On supposa aussi l’existence d’une élite centralisée coordonnant les travaux, par analogie avec les grandes civilisations du Vieux Monde, alors qu’aucune preuve n’étayait cette idée.
• Les analyses récentes, fondées sur 11.000 photos assemblées en un modèle 3D précis, révèlent au contraire une trentaine d’ateliers indépendants répartis sur les pentes du volcan. Chaque clan sculptait pour lui-même, sans autorité centrale.
• Les Rapanui formaient ainsi des groupes lignagers décentralisés, partageant un cadre symbolique commun, mais des techniques variées : trois styles distincts ont été identifiés.
• Le modèle 3D a révélé 426 Moaïs inachevés, 341 tranchées d’extraction et 133 emplacements vides. Le site était à la fois carrière et espace rituel où les clans affirmaient leur identité. Les statues, une fois érigées, médiatisaient le lien entre vivants et ancêtres.
Comment les Moaïs ont-ils « marché » jusqu’à leurs emplacements ?
• Le transport sans roue ni animaux intrigua longtemps. On imagina traîneaux, rails ou aides venues du ciel.
• En comparant 62 statues abandonnées le long des chemins et celles dressées sur les ahu, les chercheurs ont montré que leur forme permettait une progression par balancement, comme un frigo qu’on fait osciller.
• En 2013, une réplique de 4,35 tonnes parcourut ainsi 100 mètres en 40 minutes, tirée par 18 personnes : les Rapanui faisaient réellement « marcher » leurs Moaïs.
• Si l’on s’est tant fourvoyé, c’est que l’île fut longtemps traitée comme une énigme à résoudre : on y projeta préjugés, vision linéaire du progrès et méfiance envers la capacité d’une petite société insulaire.
• Pendant 300 ans, on interpréta les Moaïs sous l’angle de l’impossibilité technique, persuadé qu’un tel exploit exigeait un pouvoir central fort. Les outils intellectuels occidentaux étaient trop étroits pour concevoir un autre modèle techno-rituel.
• Les sciences sociales contemporaines, en interrogeant leurs propres biais, ont rouvert le dossier. L’Île de Pâques n’a jamais été un mystère ; le vrai mystère fut notre obstination à nier qu’une société différente puisse atteindre la monumentalité sans esclavage ni empire.
— 6 décembre 2025
■— Extraits d’une publication de Camille Coirault
— Source documentaire : Presse Citron Net
▲ Aron O’Raney —


