En hiver, les vagues peuvent monter jusqu’à deux mètres
sur le littoral azuréen. La Bordure
De l’est du Var à la frontière italienne, en passant par Antibes et Cannes, un documentaire évoque une discrète mais féroce passion pour le surf dans les petites vagues qu’offre la mer Méditerranée pendant l’hiver.
Un jour de vagues jusqu’à cinquante surfeurs peut se retrouver vers le cap d’Antibes (Alpes-Maritimes), assure Nicolas Loth, réalisateur d’un documentaire sorti vendredi mettant en avant une certaine « philosophie du surf » sur la Côte d’Azur.
L’information peut surprendre, et pourtant : en hiver, des petites vagues entre 80 centimètres et deux mètres font le bonheur de ces passionnés, impatients de pouvoir glisser avec leurs planches lors d’improbables sessions sur le littoral azuréen.
De l’est du Var, vers Saint-Aygulf à Fréjus, jusqu’à la frontière italienne (et au-delà), ces surfeurs restent à l’affût de la moindre déferlante. « Je voulais montrer cette singularité », insiste Nicolas Loth, qui a filmé quatre de ses amis, toujours prêts à partir à l’eau. « Ici, les vagues, on les mérite, on les attend », résume celui qui, avec sa caméra et de petits moyens, les a suivis dans leur détonant quotidien de surfeurs.
La Côte d’Azur compterait une centaine d’adeptes, qui se connaissent à peu près tous du fait de la rareté des sessions et des lieux. Mais ils se croisent aussi beaucoup hors de l’eau, le long des routes, pour observer les ondulations de la mer.
Est-ce « surfable », s’interrogent-ils en permanence les yeux rivés sur la Méditerranée ? La comparaison moqueuse avec Brice de Nice (incarné par Jean Dujardin en 2005) est évidente, surtout pour ceux qui profitent des puissantes déferlantes de la côte Basco-Landaise toute l’année. « Qu’on continue de se moquer ! », lance Nicolas Loth, dont la référence au film fait également sourire ses amis dans le documentaire. « Cela reste quelque chose d’intimiste, même s’il y a de plus en plus de personnes à l’eau », note-t-il.
≈ Chercheurs de vagues
La « philosophie du surf » sur la Côte d’Azur se résumerait donc à scruter les potentielles vagues entre octobre et février, les mois les plus propices. « On est un peu des chercheurs de vagues », reconnaît le réalisateur, qui a justement intitulé son documentaire Demain, ça rentre, en référence à l’arrivée soudaine et espérée de la houle.
Il y aurait presque un aspect scientifique chez ces surfeurs acharnés : les conditions climatiques (courants, vents…) sont analysées de manière obsessionnelle sur les différents sites spécialisés, pour anticiper une potentielle vague sur tel ou tel « spot ».
« Assez courte », « capricieuse », « désirable », « jouissive »
Voilà comment les vagues locales sont décrites par Christophe, Jean-Denis, Thomas et Yann, les personnages du documentaire. La rareté expliquerait cette addiction, elle « fait la magie », ira jusqu’à dire Yann.
« Les frustrations nous procurent un plaisir amplifié »
Explique Jean-Denis, qui avoue que, par moments, « le cerveau vrille ». Dès quatre heures du matin, en pleine nuit, Thomas peut, lui, être déjà assis sur sa planche quand des vagues commencent à se lever dans l’obscurité…
≈ Cannes « ville de surf »
De son côté, Christophe répertorie le nombre de sessions par mois depuis 2016. À sept reprises, en novembre 2020, ils ont pu profiter de quelques déferlantes. « Rien du tout par rapport au sud-ouest, en convient-il, mais pour nous, c’est pas mal ! », relève-t-il, description des conditions et photos de ces instants rares à l’appui.
Aucune école de surf à proprement parler n’existe pour le moment sur la Côte d’Azur
Les activités nautiques se résumant davantage au jet-ski ou à la location de « stand-up paddle ». En juillet 2022, Cannes a été labellisée « ville de surf » par la fédération française, notamment pour la vague du Batéguier, à l’ouest de l’île Sainte-Marguerite. Preuve d’une pratique féroce et répandue dans un coin où la brasse en mer reste quand même plus courante.
— Le Figaro Nice
— Dimanche 24 novembre 2024
■ Lucas Hélin —